« Toute libération unilatérale est imparfaite. » Ces mots de Frantz Fanon résonnent au détour de la partition d’Insula, animée par Maher Beauroy. Dans ce projet impressionnant, le jeune pianiste martiniquais se libère de toute contrainte et joint les musiques du monde entier aux mots redoutables de Fanon. Loin de toute tentation identitaire, Insula va puiser à toutes les sources. C’est émouvant d’entendre le jazz caribéen tutoyer la musique arabo-andalouse. Émouvant d’entendre ces 10 instrumentistes et chanteuse débattre de liberté. Bien entendu, on y parle de colonisation, de corps et de langues opprimés et de langues contraintes. Mais Maher Beauroy
porte l’oreille face à d’autres contradictions. Celles des traditions musicales en présence dans Insula : Maghreb, Antilles, Amériques. Chacun enrichissant les autres. Insula sonne alors comme un archipel splendide et universel.