Hamm, aveugle, ne peut quitter son fauteuil roulant, condamné à vivre assis.
Pendant ce temps, ses parents culs-de-jatte vivent dans une poubelle et son fils adoptif souffreteux peine à marcher. Beckett nous invite à les regarder, contraints qu’ils sont de continuer leur partie, de jouer jusqu’au bout au jeu d’une fin qui n’en finit pas de finir. Avec ce trois fois rien de contexte, il déploie tout un monde de théâtre, de jeu, d’ironie et de décalage. Cette fascinante impossibilité à communiquer des êtres, ce rapport au temps suspendu et à l’enfermement, résonnent étrangement aujourd’hui. Pour la Compagnie des Indiscrets, c’est un retour aux sources. Faisant voeu de prendre son théâtre « au pied de la lettre », sans psychologie, ni symbolisme, ni noirceur excessive, ils mettent à jour le nu des mots et des situations, les silences et les égarements. « Personne n’a jamais pensé aussi tordu que nous », constatent les personnages de Fin de partie. Et c’est tant mieux !